Oula Ramadan, une jeune militante féministe de Syrie et directrice exécutive de Badael, comprend que le féminisme peut avoir différentes significations pour différentes personnes. Elle croit que le féminisme est un concept qui évolue continuellement et s'adapte au fil du temps, façonné par les transformations personnelles influencées par les dynamiques de pouvoir changeantes et une compréhension plus profonde de ces dynamiques.
Pour Oula, le féminisme est enraciné dans le défi contre les structures de pouvoir invisibles qui soutiennent des systèmes répressifs. Cela implique de désapprendre les comportements patriarcaux et coloniaux hérités par le biais d'un apprentissage continu et d'une auto-réflexion intentionnelle.Pour Oula, être féministe est un acte de bienveillance radicale. Cela demande de cultiver le courage de se libérer des limites restrictives et d'envisager un monde où l'égalité et la justice prévalent.
Elle reconnaît que le féminisme ne se limite pas uniquement à la lutte pour les droits des femmes, mais englobe tous les aspects de la vie et de la société.Un moment décisif qui a déclenché l'éveil féministe d'Oula s'est produit en 2012 lors d'une manifestation de femmes à Douma, en Syrie. Témoin de la démonstration brutale de force par l'armée, avec des milliers de soldats entièrement armés déployés, cela l'a profondément désolée. Cet événement lui a fait réaliser le rôle essentiel des femmes dans les luttes politiques. Elle a compris que le féminisme ne peut être dissocié des autres formes de militantisme ou des mouvements sociaux. Lorsque les femmes dirigent des mouvements politiques, révolutionnaires ou basés sur les droits, elles remettent en question les fondements des systèmes de pouvoir patriarcal militarisé.
En regardant en arrière, Oula reconnaît que sa première lutte féministe a commencé pendant son adolescence, bien qu'elle n'ait peut-être pas étiqueté ainsi à l'époque. Elle a défié consciemment les attentes sociétales en choisissant de lire sur le balcon avec son père au lieu de se conformer au rôle traditionnel de la femme dans la cuisine. La société mettait souvent sa mère sous pression pour la préparer au rôle de "bonne femme au foyer". Rejeter cette pression et remettre en question le contrôle de ses choix sont devenus son combat féministe initial et fondamental. Elle a transformé sa table de cuisine en un espace politique où elle s'engageait dans des discussions féministes et politiques avec ses pairs.
Actuellement, Oula considère chaque combat dans lequel elle s'engage comme un combat féministe. Elle s'efforce d'adopter une approche féministe intersectionnelle dans tous ses engagements, visant à amplifier les expériences et les perspectives de tous les groupes vulnérables et marginalisés. Son objectif est de donner la parole à la majorité exclue dans la société civile, les arènes politiques et la production de connaissances. Cet engagement la pousse à en faire davantage et la maintient éveillée la nuit.Oula trouve sa force en tant que féministe dans son profond sens de responsabilité de contribuer à la création d'un monde juste. Elle est motivée par la réalisation que les individus nés dans des sociétés et des régimes injustes n'ont pas la possibilité d'abandonner. Son inspiration et ses idées proviennent de ses compagnes féministes. Le travail collectif auquel elle participe, les rencontres personnelles et intellectuelles quotidiennes, ainsi que les espaces créés pour la joie et la guérison la nourrissent et l'autonomisent profondément.Elle estime que les jeunes féministes devraient suivre leurs curiosités et explorer les questions qui surgissent au cours de leur parcours. Il est essentiel d'être intentionnel dans ce qu'elles explorent et lisent, et de rechercher des communautés qui transforment la lecture et l'apprentissage en pratiques collectives. Dans ces espaces, le sens peut être créé collectivement à partir des réalités personnelles et communes, favorisant ainsi des progrès dans les parcours féministes ensemble.
Enas Muzamel a grandi dans un monde où la discrimination fondée sur le genre était omniprésente. Pour elle, le féminisme englobait toutes les actions positives que les femmes pouvaient entreprendre pour améliorer leurs conditions sociales, politiques et économiques.Sa mère a été sa première source d'inspiration et de modèle.
En tant que jeune femme élevant ses filles dans deux pays différents, elle a dû faire face aux défis d'une société difficile et complexe. Enas a été témoin de la lutte de sa mère pour l'indépendance économique, et avec elle et ses sœurs, elle s'est battue contre l'influence masculine ancrée dans les lois sur le statut personnel du Soudan. Elles ont passé de nombreuses années devant les tribunaux du statut personnel, plaidant pour leurs droits.
À l'âge de neuf ans, Enas a fait face à ses premières attentes genrées. Son vélo rouge bien-aimé a été donné à son cousin masculin, ce qui a suscité en elle une détermination à remettre en question les normes imposées par la société.
Au fil du temps, la lutte d'Enas contre les lois patriarcales, les normes sociétales et l'État s'est intensifiée. Elle a pris sur elle de défendre les marginalisés, dont les voix restaient souvent inaudibles. Enas se considérait comme une force du changement, s'efforçant d'apporter des transformations positives dans la société.La reconnaissance, l'appréciation et le soutien qu'elle a reçus pour son travail sont devenus une source de force pour Enas. Elle souhaitait que les générations futures émergent plus fortes, équipées de meilleurs outils pour poursuivre la lutte pour l'égalité des sexes.
Enas avait une soif insatiable de connaissance. Elle s'est plongée dans la littérature contemporaine et classique, la politique, la philosophie et a suivi de près les avancées scientifiques. Chaque page qu'elle tournait élargissait sa compréhension du monde, l'autonomisant pour remettre en question le statu quo.
Passionnée par l'autonomisation des jeunes générations, Enas a offert des conseils précieux. Elle les a encouragées à explorer des sujets qui résonnaient en elles, à élargir leurs perspectives au-delà de leurs propres expériences. Elle a souligné l'importance de comprendre la réalité à travers le prisme de l'histoire et les a exhortées à documenter leurs propres expériences, aussi courtes ou apparemment insignifiantes qu'elles puissent sembler. Enas croyait que chaque voix comptait pour façonner un avenir meilleur.
Enas était devenue l'incarnation du courage, de la résilience et de la détermination dans sa quête de l'égalité des sexes. Elle savait que son voyage était loin d'être terminé, mais elle restait déterminée dans sa mission.
Alors qu'elle continuait à lutter contre les barrières sociales, Enas espérait que ses actions inspireraient d'autres personnes à se joindre à sa cause, travaillant collectivement pour apporter un changement durable.
Dans un monde où être à la fois féministe et handicapée posait un défi unique, Amal s'est consacrée à s'attaquer à la discrimination croisée vécue par les femmes handicapées. Elle croyait que la lutte contre la discrimination s'étendait au-delà d'un seul niveau et englobait une compréhension plus large des questions de droits de l'homme.
Par le biais de son plaidoyer, elle cherchait à attirer l'attention sur les circonstances et les luttes uniques vécues par les femmes handicapées, exhortant le mouvement féministe à amplifier leurs voix et à les inclure.
Pour Amal, un moment décisif a remodelé sa perspective. Malgré ses propres handicaps moteurs, elle avait réussi dans le domaine du design graphique au sein du secteur privé, décrochant des contrats dans différents pays. Cependant, c'est en retrouvant un groupe d'anciens amis handicapés au Liban qu'elle a pleinement réalisé les immenses défis auxquels font face des individus dans des situations similaires. En voyant la souffrance de ses amis, leur accès limité à l'emploi, l'illettrisme et l'ignorance cognitive, elle a décidé d'agir.Chaque lutte qu'Amal a rencontrée était liée à son handicap et à son identité en tant que femme. Ce n'est que ces dernières années qu'elle a reconnu la résonance de l'étiquette féministe avec ses expériences vécues. Ses premières initiatives féministes consistaient à plaider en faveur de lois protégeant les droits des femmes et à pousser à des réformes dans les lois sur le statut civil, avec une attention particulière sur la participation des femmes à l'action politique.
Au milieu de la pandémie de COVID-19 et du confinement qui a suivi, les efforts féministes d'Amal se sont concentrés sur la sensibilisation des femmes handicapées. Elle s'est consacrée à les soutenir pour trouver des opportunités d'emploi et renforcer leur confiance en elles. Des séances fermées ont été organisées pour les sensibiliser à diverses formes de harcèlement et leur fournir des stratégies pour faire face à l'exploitation et à la manipulation.En tant que féministe, Amal puise sa force dans son nom, qui signifie "Espoir". La signification de son nom lui sert de rappel constant de se surpasser chaque fois qu'elle rencontre des obstacles. S'engageant dans la méditation et passant du temps dans des environnements paisibles, elle s'adonne à une profonde réflexion et cherche des solutions pratiques aux nombreux défis auxquels elles sont confrontées.La lecture a joué un rôle crucial dans la vie d'Amal, en particulier pendant ses années formatives au milieu de la sanglante guerre civile libanaise.
Elle recommandait aux jeunes féministes d'explorer les œuvres d'écrivaines, en particulier celles d'origine arabe, car ces écrits avaient une influence significative sur son propre parcours. Actuellement, sa lecture se concentre sur les questions liées au handicap, examinant la relation entre les personnes handicapées et leur corps, ainsi que des sujets tels que le harcèlement. L'un des premiers livres féministes qu'elle a rencontrés était "Le Deuxième Sexe" de Simone de Beauvoir, qui a eu un profond impact sur sa perspective.Grâce à ses lectures approfondies et à ses expériences personnelles, Amal a acquis des connaissances et des perspectives précieuses pour éclairer son travail. Elle a compris l'importance de solutions pratiques et de la collaboration avec d'autres femmes, cherchant toujours des conseils et s'engageant dans des dialogues pour approfondir sa compréhension de diverses questions.
En naviguant dans le paysage complexe du féminisme et du handicap, son objectif ultime était de contribuer à un monde meilleur où l'égalité et la justice prévalaient pour tous.
Pour Amal, le féminisme incarne les aspects théoriques et idéologiques des mouvements politiques et sociaux qui luttent pour les droits des femmes et l'égalité des sexes. Cela va au-delà des efforts individuels et représente une révolution collective qui implique les femmes et les groupes marginalisés, remettant en question les vestiges du système patriarcal. Le mot "lutte" a une signification profonde pour elle, englobant le pouvoir transformateur du féminisme dans la vie des femmes, abordant les récits personnels, éclairant les corps queers et puisant son inspiration dans les expériences des femmes.
L'éveil féministe d'Amal est survenu relativement tard dans sa vie, pendant ses années universitaires, alors qu'elle avait environ vingt ans. Elle a collaboré avec une amie proche sur un club étudiant en ligne, mais il y avait une disparité significative entre elles. Alors que son ami pouvait exprimer librement ses opinions en utilisant son vrai nom, Amal devait recourir à une identité secrète. Elle a choisi le nom "voix réelle" et a même créé un autre compte nommé "le journaliste", adoptant une forme masculine pour donner à ses mots plus de crédibilité et d'impact. Ses articles ont mis en lumière les expériences inégales vécues par les étudiantes par rapport à leurs homologues masculins, bien qu'elle ne se soit pas étiquetée explicitement comme féministe. Cependant, les actions de son ami sur le site web lui ont ouvert les yeux sur la réalité dans laquelle ils vivaient. Il partageait des photos et des vidéos privées de filles sans leur consentement, ce qui a poussé Amal à réfléchir profondément sur le privilège et la misogynie. Cette expérience révélatrice a exposé la violence et la discrimination patriarcale qui imprégnaient la société.Avec l'émergence des médias sociaux, Amal a trouvé plus facile de rejoindre et de suivre les discussions féministes.
Ne dépendant plus des plateformes fournies par les autres, elle a rejoint un groupe féministe dans sa ville appelé "Voix de femmes". Ce groupe encourageait le dialogue et la réflexion, incitant Amal à partager les expériences des femmes algériennes et à se plonger dans la littérature féministe.
C'est au cours de cette période, vers 2013, qu'elle a embrassé son identité en tant que féministe, rompant avec le secret et les tabous sociaux associés à ce terme.Un moment décisif dans le parcours féministe d'Amal a eu lieu le 5 juillet 2015, lorsqu'elle s'est engagée dans une voie féministe intersectionnelle. Elle s'est éloignée de son implication précédente avec "Safirat Jazairiyat" et a créé une page Facebook pour un journal féministe algérien.
Cependant, c'est en septembre 2016 qu'elle a eu un impact significatif.Amal a publié une histoire sur Amira Marabet, une femme féministe qui a attiré l'attention des médias nationaux. Avec son amie féministe Fanny, en visite depuis Constantine, en Algérie, elles ont organisé une manifestation qui a attiré des femmes de différentes villes, dont la capitale, Oran et Béjaïa. Alors que la presse couvrait l'événement, Amal était plus anxieuse quant à la réaction de sa famille que des autorités. Sa famille la poussait à se marier et à se conformer aux rôles traditionnels des femmes, mais elle a défié ces attentes.
Bien qu'elles n'aient pas pu sauver Amira Marabet, Amal et ses camarades activistes ont attiré l'attention sur son meurtre et ont empêché une simplification excessive de la question. Cet événement a marqué le début de l'engagement actif d'Amal dans le féminisme.
Aujourd'hui, Amal est une militante féministe intersectionnelle qui est profondément consciente des défis uniques du contexte algérien. Elle croit en la mobilisation et en la rupture avec les groupes fermés pour contribuer à l'éveil féministe. Bien qu'elle reconnaisse qu'elle ne peut pas remplacer les voix collectives des femmes et des groupes marginalisés, Amal et ses camarades activistes sont déterminées à influencer le changement par le biais de l'expression politique et de l'engagement social. Le parcours d'Amal en tant que féministe continue de faire des vagues et d'inspirer les autres autour d'elle.
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